Origine et histoire des canalisations souterraines à Paris

Une autre ville de Paris s’étend sous nos pieds ; celle des canalisations. Ce sont 2 600 km de conduites souterraines qui alimentent la population en électricité, en eau potable, en chauffage, en fibre optique, … Invisibles, elles se sont pourtant étendues et multipliées au fil des siècles pour améliorer les conditions d’hygiène et de confort des Parisiens. Comment ces réseaux se sont-ils développés et quelle place occupent-ils aujourd’hui ? Décryptage. 

Les points clés : 

  • C’est Eugène Belgrand qui, dans les années 1850, mène le vaste chantier d’assainissement dont est issu le premier réseau, celui des égouts.
  • Il existe à ce jour 12 réseaux souterrains : réseaux d’eau pluviale, d'eau potable et d’eaux usées, réseaux de chaleur et de froid, réseau de gaz, réseau de fibre optique et de télécommunications, réseau d’éclairage public, réseaux d’électricité basse, moyenne et haute tension. 
  • La CPCU exploite un réseau de canalisations interconnectées qui s’étend sur 518 kilomètres. Il alimente en chaleur 6 000 points de livraison pour le chauffage et l’eau chaude d’un million et demi de Parisiens.

L’histoire des canalisations à Paris

Les débuts insalubres

Jusqu’au début du XIXe siècle, les canalisations souterraines sont encore peu nombreuses. On compte seulement quelques réseaux d’égouts, sous les artères centrales de la ville, qui se déversent dans la Seine. Suite à la grande épidémie de choléra de 1832, on entreprend à Paris la première opération de vidange et d’assainissement.

Les grands travaux

En 1850, la capitale est encore une ville insalubre et les épidémies continuent de frapper la population. C’est à cette époque que le Baron Haussmann se voit confier le remodelage de Paris. Il s’entoure d’Eugène Belgrand, un ingénieur français, à qui il confie la responsabilité du service des eaux. Le Baron élabore un plan d’assainissement en s’appuyant sur le génie conceptuel de l’ingénieur.

Son plan d’assainissement se devait : 

  • D’assurer l’évacuation immédiate des eaux pluviales, industrielles et ménagères, ainsi que le trop-plein des fontaines et bassins. 
  • De distribuer les eaux du service public et du service privé par des conduites, sans créer de bouchon, en n’affectant pas la circulation ni le travail des ouvriers.
  • D’appliquer un système de nettoyage des galeries afin d’évacuer les immondices.
  • De drainer la nappe d’eau présente dans les sous-sols parisiens, pour éviter l’inondation des caves durant les périodes de grandes crues de la Seine. 

Une ville sous la ville

Belgrand réalise des prouesses technologiques. Chaque rue de la ville est dotée d’une ou de plusieurs galeries souterraines, comprenant des égouts ainsi que des conduites de distribution d’eau, de gaz, d’éclairage et d’air comprimé. Il rend ces galeries plus opérationnelles pour optimiser les opérations de curage et maintenance.

Le rôle des canalisations à Paris 

Les successeurs d’Haussmann procèdent par la suite à des améliorations pour préserver la Seine, polluée par le déversement des égouts. De nouveaux systèmes de décantation et d’épandage sont installés et accompagnés de la construction des premières usines d’épuration. Le travail d’Eugène Belgrand sera optimisé au fil du temps afin que ces canalisations souterraines se diversifient et s’adaptent aux nouveaux besoins d’approvisionnement.

Aujourd’hui, les canalisations souterraines se sont multipliées. Leurs rôles ? Garantir le confort thermique des bâtiments, apporter partout l’électricité et l’eau potable évidemment mais aussi d’autres services contribuant au bien-être, le haut débit de connexion notamment.

Les différents réseaux et leur rôle :

 

  • Le réseau d’eaux pluviales : il sert à évacuer les eaux de pluie grâce aux chéneaux et aux caniveaux.
  • Le réseau d’eaux usées : il permet d’acheminer, vers des stations d’épuration, les eaux issues des activités humaines, domestiques, agricoles et industrielles. Ces eaux sont traitées dans des centres de traitement et d’épuration pour devenir « propres » (mais pas pour autant potables) et être ainsi rejetées en milieu naturel sans risque de pollution. 
  • Les réseaux d’électricité : ils permettent l’acheminement de l’énergie électrique (haute, moyenne et basse tension) depuis les centres de production (centrales, barrages, …) jusqu’aux consommateurs.
  • Le réseau de chauffage urbain : il part d’une chaufferie centrale où l’eau est montée à très haute température puis transportée pour alimenter en chaleur des logements, bureaux, écoles, hôpitaux et autres bâtiments publics ou privés.
  • Le réseau de froid urbain : à l'image du réseau de chaleur, le système est constitué d’équipements collectifs de production et de distribution d’eau glacée, destinée au rafraîchissement des bâtiments publics et privés.
  • Le réseau d’eau potable : sans lui, l’eau ne coulerait pas du robinet ! Puisée en milieu naturel, l’eau est ensuite acheminée, via le réseau d’adduction, vers un réservoir de stockage. Après son traitement, elle est alors distribuée grâce elle aussi à un réseau de canalisations souterraines.
  • Le réseau de gaz : il alimente les bâtiments en gaz naturel pour le chauffage ou pour la cuisine.
  • Le réseau de fibre optique : récemment mis en place, il est utilisé pour la transmission à très haut débit de données numériques pour internet, la télévision et le téléphone. 
  • Le réseau de télécommunications : ce réseau a la particularité d’avoir différentes applications qui servent toutes un seul objectif : transmettre des messages, en passant par la télévision, l’ADSL ou le téléphone fixe. 
  • Le réseau d’éclairage public : des lampadaires aux feux de signalisation en passant par les panneaux publicitaires, il alimente tous les supports d’éclairages publics. Il substitue peu à peu, pour des raisons climatiques et esthétiques, le réseau à l’origine aérien. 

Le réseau de chaleur urbain et les canalisations CPCU

Naissance et évolution du réseau de la CPCU

Délégataire du service public de chauffage à Paris, la CPCU exploite le réseau de chaleur urbain depuis 1927. Née d’une volonté de limiter les nuisances des approvisionnements incessants en charbon dans les rues. Elle alimente à ses débuts les grandes structures, comme la Gare de Lyon, les grands magasins et monuments prestigieux. …
Depuis, le réseau de la CPCU s’est étendu. Aujourd’hui, il fournit en chaleur   6 000 points de livraison. Grâce à plus de 500 km de canalisations souterraines interconnectées et articulées par 800 chambres de vannes, il livre en chaleur 1/4 des bâtiments parisiens.

Le saviez-vous ?

La CPCU, historiquement la Compagnie Française de Chauffage Urbain a permis à la capitale de bénéficier d’un des premiers réseaux de chaleur urbain au monde ! Le réseau n’a jamais cessé de fonctionner depuis sa création en 1927, même pendant la guerre.