Un autre monde s’étend sous nos pieds ; celui des canalisations souterraines. Si nous oublions parfois qu’elles existent, c’est pourtant grâce à elles que les conditions de vie et d’hygiène des Parisiens se sont nettement améliorées. Au fil des siècles, leur nombre s’est multiplié et leur usage transformé, équipant les villes et améliorant le confort des habitants. À Paris, ce sont 2 600km de canalisations souterraines qui alimentent la population en eau potable, en chauffage, en fibre optique… Alors, comment ces réseaux se sont-ils développés et quelle place occupent-ils aujourd’hui ? Décryptage.
Les points clés :
Jusqu’au début du XIXe siècle, les canalisations souterraines étaient encore peu nombreuses. On comptait seulement quelques réseaux d’égouts qui se déversaient dans les fleuves. Suite à une grande épidémie de choléra, on entreprit à Paris une première opération d’assainissement et de débouchage.
En 1850, la capitale était encore une ville insalubre, aux rues étroites, et les épidémies continuaient à frapper la population. C’est à cette époque que le Baron Haussmann se vit confier la conduite et la réalisation du remodelage de Paris. Il s’entoura d’Eugène Belgrand, un ingénieur français, à qui il céda la responsabilité du service des eaux. Le Baron élabora un plan d’assainissement, tout en s’appuyant sur le génie conceptuel de l’ingénieur.
Son plan d’assainissement se devait :
Belgrand réalisa des prouesses technologiques. Chaque rue de la ville fut dotée d’une ou de plusieurs galeries souterraines, comprenant des égouts ainsi que des conduites de distribution d’eau, de gaz, d’éclairage et d’air comprimé. Il rendit ces galeries plus opérationnelles pour optimiser les opérations de curage.
Les successeurs d’Haussmann procédèrent par la suite à certaines améliorations, pour préserver la Seine, polluée par le déversement des égouts. De nouveaux systèmes, de décantation et d’épandage furent installés et accompagnés de la construction des premières usines d’épuration. Le travail d’Eugène Belgrand sera optimisé au fil du temps afin que ces canalisations souterraines se diversifient et s’adaptent aux nouveaux besoins d’approvisionnement.
Aujourd’hui, les canalisations souterraines se sont multipliées. Leurs rôles ? Vous garantir un appartement à parfaite température en hiver, de l’eau potable 365 jours par an, un très haut débit de connexion et d’autres services contribuant à votre confort.
Pour répondre à ces besoins, de canalisations de différentes sortes sont conçues et posées par des entreprises. Elles ont pour but d’acheminer divers liquides et matières : eau potable, gaz, pétrole, oxygène, hydrogène, eaux résiduaires, d’égouts, ou encore d’autres fluides pour les réseaux de chaleur et de froid.
Délégataire du service public de chauffage à Paris, la CPCU est en charge du réseau de chaleur urbain depuis 1927. Née d’une volonté de répondre au problème d’approvisionnement en chauffage et en eau chaude, elle alimenta en premier lieu les grandes structures, comme la gare de Lyon.
Aujourd’hui, le réseau de la CPCU s’est étendu. Elle fournit en chaleur 6 000 points de livraison. Grâce à plus de 500km de canalisations souterraines interconnectées et articulées par 800 chambres de vannes, elle livre en chaleur 1/4 des bâtiments parisiens. Ses canalisations souterraines se composent d’un réseau vapeur principal, de boucles de réseau d’eau chaude ainsi que d’un réseau de retour d’eau. Toute l’année, la vapeur y circule sans interruption, permettant de fournir en chaleur les bâtiments.
Quelques chiffres clés :
Le saviez-vous ?
La CPCU a permis à la capitale parisienne de bénéficier d’un des premiers réseaux de chaleur urbain au monde ! Le réseau n’a jamais cessé de fonctionner depuis sa création, même pendant la guerre.
La production de vapeur nécessite de la chaleur et de l’eau. La CPCU a installé ses principales chaufferies en bordure de Seine. L’eau de Seine est ainsi pompée puis osmosée afin de limiter les effets corrosifs de la vapeur dans les canalisations du réseau.
Pour éviter toute perte thermique, canalisations et vannes sont isolées et recouvertes d’enveloppes calorifuges. La livraison s’effectue par l’intermédiaire d’un échangeur thermique, situé dans le local technique de chaque bâtiment, transférant les calories du réseau CPCU au réseau de chauffage interne de l’immeuble, sans contact entre les deux réseaux.
Une fois débarrassée de sa chaleur, la vapeur se condense en eau et continue sa route via le réseau de retour d’eau. L’eau est redirigée vers les chaufferies CPCU où elle servira de nouveau à produire de la vapeur avant de repartir vers les postes de livraison. La fourniture de chaleur par le réseau fonctionne en circuit fermé et l’ensemble du réseau est supervisé dans une salle de contrôle qui fonctionne toute l’année 24h/24.
Au fil du temps, le réseau de la CPCU s’est étendu et modernisé. Devenant de plus en plus performant et respectueux de l’environnement, il s’efforce de répondre aux enjeux énergétiques et durables de la ville.